5 étages
Ce bunker est l'un des plus grands de Bretagne.
10%
de sa surface totale est visible de l'extérieur, le reste est camouflé sous terre.
Jane Birkin
a confié au Musée la veste d'officier de son père David Birkin, ancien résistant.
Une étape incontournable à la pointe Saint-Mathieu
Après la visite du phare, de l’abbaye, et une pause céleste face à la mer, on nous dit que pour connaître la pointe Saint-Mathieu en profondeur, il faut aussi aller sous terre, dans un blockhaus transformé en Musée. Enzo et Jean-Luc sont emballés, moi j’hésite : l’horizon est clair et l’air si doux, pourquoi les quitter ? Parce que le long de la côte, nous distinguons un bunker, puis deux, puis trois, témoins d’une histoire qu’il nous faut comprendre. Bientôt, le Musée Mémoires 39-45 se dresse devant nous, gigantesque. Nous y entrons, sans l’ombre d’une hésitation.
MUR DE L'ATLANTIQUE
Un Musée pas comme les autres
Nous voici dans la gueule du loup ! Ce grand bunker construit à 30 kilomètres de Brest abritait le siège de la batterie Graf Spee, la plus importante du Finistère et pièce maîtresse du Mur de l’Atlantique. Nous retenons notre souffle en descendant les marches jusqu’au casernement allemand. Dans ce dédale aux couloirs étroits, des voix retentissent, nos sens sont en émoi.
Jusqu’à présent, Enzo n’a abordé la 2nde guerre mondiale qu’à travers les manuels d’Histoire, quelques films et les rares confidences de son arrière-grand-père. Ici, des textes expliquent le déroulé des événements, mais le plus bouleversant, ce sont les mises en scènes, les témoignages, les anecdotes et les objets intimes d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont traversé cette guerre.
CASERNEMENT
Dans la peau d'un soldat allemand
Nous surprenons des soldats allemands au beau milieu d’un repas et d’une partie de cartes. Ils ont l’air inoffensif avec leurs photos de famille accrochées aux murs… Ici, le loup a un visage humain, il bavarde, pense à ses proches et joue de l’harmonica pour tuer l’ennui.
Enzo est fasciné, « tu as vu ça ? », chuchote-t-il à son père devant la maquette de la batterie Graf Spee qui révèle un vaste réseau de bunkers camouflés pour tromper l’aviation alliée. Tout un arsenal conçu pour défendre le port stratégique de Brest.
BREST SOUS L'OCCUPATION
La scène de bombardement
Une jeune fille nous accueille chez elle, dans une cave éclairée à la bougie où nous serons à l’abri. Brestoise sous l’occupation, elle a vécu plus de cent fois la même scène d’horreur et sait comment réagir quand l’alerte est donnée. Mais au bout de quelques minutes, le vacarme est tel qu’elle cesse de nous rassurer. En sentant les bombes tomber et les murs trembler dans l’obscurité, nous sommes tous cloués au sol, la peur au ventre.
PETITE ET GRANDE HISTOIRE
Survivre au stalag
Cabioch, ce nom me dit quelque chose… Roscoff, été 1990, mon amour de vacances s’appelait Eric Cabioch ! Son grand-père témoigne peut-être ici, comme le mien aurait pu le faire, s’il avait bien voulu… Ancien prisonnier de guerre en Allemagne, M. Cabioch raconte comment il a organisé sa survie au stalag grâce aux graines de tomates que lui envoyait sa femme. Avec les copains, il fit pousser en terre allemande une magnifique plate-bande sous l’œil amusé des gardiens…
RÉSISTANCE
Le prix de la liberté
J’aurai 18 ans l’année prochaine et je ne rêve que d’une chose : être libre ! Tout est possible tant que des fils barbelés ne nous barrent pas l’horizon. Pendant la guerre, être libre signifiait désobéir à des lois injustes, au péril de sa vie tels ces grands résistants et héros plus discrets parfois si jeunes ! J’aurais fait pareil à leur place. Enfin… je crois. Papa est un grand fan de Jean-Jacques Goldman, la chanson « Né en 17 à Leidenstadt » complètera ma réflexion ce soir.
À travers les jumelles...
LIBÉRATION
Vue panoramique
Nous retrouvons la lumière du jour ! En haut des marches, les yeux du bunker à ras du sol sont des jumelles d’observation marine 12 x 90 : nous pouvons toucher du doigt les phares de la mer d’Iroise, les Pierres Noires, Keréon et même Ar Men ! Derrière une rangée de coquelicots, la plage d’à côté n’est autre que l’île de Molène.
Tout un programme pour demain !
Et ensuite...
Notre visite se termine par une promenade au pied du bunker, dans des tranchées qui nous reconduisent à l’accueil du Musée. Ici, nous attendent Clément et Aurélien Coquil, deux jeunes frères à l’origine de ce Musée immersif. Quand nous leur demandons comment est née cette idée, ils évoquent le souvenir de leur grand-père, résistant pendant la guerre, qui les a profondément marqués. 20 années de passion commune, de recherches et d’entretiens leur ont permis d’aller au bout de leur projet, pour que la mémoire de ce conflit perdure. Chapeau !